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COURRIER D'UN DE NOS LECTEURS

19/01/2025

COURRIER D'UN DE NOS LECTEURS

Une réponse à Georges BELMONTE et à sa « Lettre ouverte à un Maire » concernant l'hommage à Gisèle Halimi

Joël FRANCOIS Pupille de la Nation (Indochine, Dien-Bien-Phu) Saint-Cyrien 69-71

A tout phénomène complexe, écrivait (à peu près) Albert Einstein, il existe une explication
simple, et elle est toujours fausse. Un parcours de vie, tous les biographes le savent, est
toujours complexe, c’est ce qu fait toute sa richesse, et il faut savoir y distinguer, d’une part
ce qui relève de ce que nous appellerons le « combat d’une vie », son « argument » profond
qui lui donne toute son unité et sa cohérence, et d’autre part ce qui relève des engagements
« conjoncturels », « l’écume des jours » dans lesquels « le bruit, l’événement, l’accident »
jouent un rôle premier et explicatif, et qui, même s’ils ne contredisent pas la cohérence
interne de l’individu, ne peuvent en être considérés comme représentatifs.
La vie de Marcel Bigeard, celle du jeune Capitaine courant la brousse en pays Thai, du
brillantissime Commandant du 6ème BPC de Tu-Lê et de Dien-Ben-Phu, du prestigieux
Commandant du 3ème RPC de l’Algérie, puis du Secrétaire d’Etat et du Député, une vie
entièrement dévouée au service de la France, peut-elle être résumée aux seules « Crevettes
Bigeard », et à son attitude à tout le moins plus qu’ambigüe à l’écart de la torture, tant en
Indochine qu’en Algérie ?
Certes, Gisèle Halimi fut une des avocates du FLN, défenseur de la poseuse de bombe Djamila
Boupacha (dont il faut tout de même rappeler qu’elle avait été déflorée avec le goulot d’une
bouteille de bière durant sa détention), et, dans ces luttes, le bruit, l’événement, l’accident,
elle fut sans empathie aucune pour ses adversaires, mais elle fut aussi une figure
emblématique de l’émancipation féminine, le combat de sa vie (qu’on ne saurait confondre
avec l’actuel féminisme Woke et les dérives du Me Too), un combat porté par une rage, une
force sauvage, depuis sa première grève de la faim, à l’âge de 10 ans, pour obtenir un ...droit
à la lecture qui lui était refusé (!), jusqu’au Manifeste des 343 de 1971 et aux Procès de
Bobigny de 1972 préludes à la grande Loi Veil de 1975, puis à la criminalisation du viol.
Sans doute l’attitude de Marcel Bigeard et sa « tolérance » (et peut-être sa participation
active) à la torture interdisaient-elles (et j’avais, au rebours de mes pairs, pris en son temps
position dans ce sens) son inhumation aux Invalides ; sans doute, de même, son
compagnonnage de route avec le FLN devrait-elle interdire à Gisèle Halimi d’entrer un jour au
Panthéon. Pour autant, de même que nous devons pouvoir (c’est mon cas) rendre l’hommage
qu’il mérite au grand soldat et au grand serviteur de la France que fut Bruno, nous devons
pouvoir rendre hommage à Gisèle Halimi pour avoir contribué, dans un siècle de bruit et de
fureur, à rendre nos sociétés peut-être plus justes et plus humaines.

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