Le Frérisme et ses réseaux

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Florence Bergeaud-Blackler présente le « frérisme », courant issu des Frères musulmans, comme un projet politico-religieux de long terme opérant au sein des démocraties libérales. Distinct du djihadisme armé, il poursuit cependant le même horizon : une société régie par la charia, y compris en Europe, mais par des moyens légalistes et graduels. S’appuyant notamment sur la pensée de Youssef al-Qaradawi, elle décrit une stratégie fondée sur la formation d’une élite militante, l’implantation de réseaux dans l’éducation, les médias, l’économie ou le milieu associatif, et l’exploitation des libertés publiques pour transformer de l’intérieur les normes juridiques et sociales. Le frérisme valorise la lutte contre les discriminations et reprend le langage de l’antiracisme et du postcolonial, tout en visant une « société charia-compatible » en tension avec la laïcité et l’égalité hommes-femmes. Bergeaud-Blackler insiste aussi sur la « bataille des mots » (notamment autour de l’« islamophobie »), qui tend selon elle à disqualifier la critique de l’islamisme et à produire autocensure et pressions sur le monde académique. Elle appelle enfin à documenter rigoureusement ces dynamiques et à défendre la liberté de recherche, en distinguant clairement critique de l’islamisme et hostilité aux musulmans.